Histoire de la découverte de Qumrân Histoire de la découverte de Qumrân et des manuscrits de la mer Morte a la physionomie d'un scénario hollywoodien : Bédouins, marchands, spéculateurs, collectionneurs, hommes d'Église ou d'État, secrets et rumeurs, le tout entre une guerre mondiale qui se finit là-bas et un conflit médio-oriental qui commence ici. En 1947, des Bédouins égarés découvrent dans une grotte sept rouleaux parmi les centaines de manuscrits de la mer Morte.
Ces rouleaux de cuir auraient pu finir en sandales de marche, mais ils vont alimenter et la science et le mythe. Qu'est-ce en effet que cette mystérieuse secte des Esséniens ? Jésus en aurait-il été ? Que sont ces textes ? Des archives ? La bibliothèque de cette cité, si proche, de Qumrân ? Et cette société, au milieu du désert, est-elle le témoin de la première expérience « communiste », ou d'une expérience communautaire extrême ? À travers cette découverte, la science biblique rajeunit, gagnant près de i000 ans sur les textes dont disposaient jusqu'alors les spécialistes de la Bible. La poussière de cette histoire - qui n'a que soixante ans - n'est pas retombée. Elle nourrit encore interrogations des scientifiques, argumentaires des belligérants et best-sellers des fabricants de mythes contemporains. Assez de raisons pour que la BnF, propriétaire de quelques-uns de ces fragments échappés des temps bibliques, tente de produire les pièces, à convictions variées, de cette fabuleuse aventure.
LA SAGA DE LA DÉCOUVERTE DES MANUSCRITSLes paysages de la mer Morte sont d'une beauté à couper le souffle. Autour de l'étendue d'eau salée, à quelque trois cents mètres d'altitude culminent les falaises de grès. On est pourtant à pratiquement 400 mètres sous le niveau des océans.
Sokoka, nom biblique de Qumrân, ne fut pas toujours un lieu isolé. Bien au contraire, il semble avoir connu une activité économique qui y attirait de nombreux habitants.
La bibliothèque de Qumrân était connue des auteurs de l'Antiquité et du Moyen Âge. Eusèbe de Césarée signale des manuscrits bibliques trouvés dans une jarre dans les environs de Jéricho.
Le récit de la découverte a des allures de légende. L'histoire a retenu les trois Bédouins de la tribu des Taamireh fouillant les grottes de la région en 1947 et en extrayant sept rouleaux de cuir en bon état contenant des textes hébreux anciens.
En 1948, dans la foulée du partage de la Palestine par les Nations Unies, un État juif est créé. Ce n'est qu'en janvier 1949 que les archéologues localisent les grottes en Cisjordanie. Il faut donc attendre la guerre des Six Jours en 1967 pour que les Israéliens entrent en possession des fragments découverts après 1949. Ce précieux patrimoine est conservé depuis 1965 à Jérusalem dans le Heykhal Ha-séfèr, le « Sanctuaire du Livre ».
LA BIBLIOTHÈQUE DES MANUSCRITS DE LA MER MORTELes manuscrits de la mer Morte formaient une vaste bibliothèque de plus de 900 manuscrits. La BnF en conserve 375 fragments. Ils ont été achetés en 1953 au Père Roland de Vaux qui dirigea les fouilles archéologiques du site jusqu'en 1970.
Qumrân nous a livré 200 manuscrits bibliques, copiés jusqu'à deux siècles avant notre ère.
Ils témoignent de l'état préparatoire de la Bible.
Certains présentent de grandes ressemblances avec le Pentateuque samaritain, d'autres avec le texte hébreu, jusque-là inconnu, ayant servi à la traduction de la Septante, d'autres enfin sont conformes au texte hébreu reçu.
On a également retrouvé à Qumrân un grand nombre de manuscrits bibliques qui, bien qu'exclus de la Bible hébraïque officielle, nous ont été transmis par la Bible éthiopienne.
Enfin, les écrits communautaires composés en hébreu décrivent la spiritualité et le style de vie d'une communauté vivant sous l'autorité d'un Maître de Justice attendant la fin des temps...
(Source : Le secret des manuscrits de la mer Morte, par la BNF / François Mitterrand)