L'occultisme reconnaît une conséquence à chaque chose, à chaque action accomplie.
Rien n'est fortuit dans l'immense mosaïque du cosmos, chaque chose a son lieu propre, son temps propre, son objectif propre.
Tout est causé par quelque chose et devient à son tour la cause d'autres choses.

Les Orientaux, en exacerbant cette conception, ont développé, non sans certains avantages pour le pouvoir religieux et social de la classe sacerdotale, la loi "kar-ma". Ce mot dérive de la racine sanscrite Kr signifiant: faire. Toute action, bonne ou mauvaise, qu'elle soit de nature égoïste ou altruiste, crée Karma; une dette à payer ou un crédit à récupérer dans l'existence présente ou future. Le problème moral de l'action et de son effet est toujours présent dans la recherche occulte.

On fait appel à la divination, ou spiritisme, on agit suivant les préceptes de la magie, de l'alchimie ou de la cabale pour accélérer ou contrecarrer le destin. Dans l'occultisme, c'est l'homme qui est le centre de l'univers, l'artisan de son propre destin. Il gagne, avec la connaissance, une merveilleuse liberté qui comporte cependant une contrepartie, une lourde responsabilité, une obéissance à une loi personnelle contraignante.

On prétend que par nature les hommes tendent vers le bien, celui du chrétien qui voit dans l'altruisme et la charité l'oeuvre suprême et qui, contrairement au bien aztèque, est axé sur le sacrifice.

Il est également différent du bien hindou, qui s'identifie avec l'accomplissement de son devoir. Dans de nombreux ouvrages, il ressort que le devoir de l'occultiste est d'atteindre le bien, dans le cas contraire, il sera puni pour le mal commis par l'ineffable loi de contrepoids, par le "coup de boomerang".

Cependant faire la différence entre le bien et le mal ne semble pas chose aisée; le mal d'aujourd'hui peut être le bien de demain, le bien des uns ne correspond pas forcément à celui des autres. Espace et lieu sont en outre des facteurs variables au point de bouleverser complètement les deux pôles opposés du bien et du mal. Plutôt que de s'acharner à dresser des catalogues, en divisant le monde en blanc et en noir, il est donc nécessaire de tendre à l'harmonie sans pour cela porter atteinte aux droits d'autrui de quelque manière que ce soit.

L'occultisme a une approche du bien très différente de celles que la culture ou la religion nous ont données. Son relativisme épouvante. Il arrive souvent que l'on cherche avec une foi naïve le bien absolu, comme une île merveilleuse où abondent les valeurs les plus belles, les plus douces que l'on puisse imaginer. Cependant, chemin faisant, la frustration issue de la domination subie par les uns et le lourd privilège de ceux qui l'exercent finit par nous rapprocher d'une conception du monde de type taoïste, dans laquelle tout résulte d'un rapprochement continu où le bien et le mal ne sont plus que des rythmes, des ondes contenant chacune le germe de l'autre.

Il est préférable de ne jamais crier victoire ni de pleurer sur sa défaite. Tout évolue, tout se transforme. Le vaincu d'aujourd'hui sera le vainqueur de demain, les larmes du soir seront les rires du matin. Evoluer dans un contexte aussi fluctuant, aussi mobile est chose facile, autant que de se retrancher dans la citadelle fortifiée d'une vérité sclérosée. S'il y a une règle à suivre, c'est la suivante: "fais comme l'aigle qui s'élève et cherche à voir le plus loin possible, erre, mais sait tirer parti de tes erreurs.

L'occultisme n'offre pas de certitudes ni de dieux, ni de vérité immuable. Il faut dépasser les modes du moment, passer outre l'héritage culturel, en sachant toutefois prendre un peu de tout mais sans jamais se laisser prendre. Allez là où la loi unique, universelle, devient superflue, là où tout est à facettes, insaisissable, dynamique. Sans rigidité, nous chercherons à suivre le courant.

Œuvrer pour l'harmonie, avec l'esprit clair représente la manière la plus sûre de se préserver de tous les sombres périls décrits par les occultistes fantaisistes ou bigots. La certitude d'être en accord avec sa conscience élève autour du spécialiste des choses arcanes, une sorte de coupole de protection qui lui permet d'utiliser également les instruments du mal, pour servir le bien. Il n'y a ni occultisme noir, ni occultisme blanc, il n'y a pas de système licite ou illicite. Cependant il y a une fin, il existe un univers en mouvement et une pureté intérieure qu'il faut sauvegarder à tout prix.