La Fondation Cartier pour l'art contemporain présente un ensemble exceptionnel d'objets vaudou africains issus de la collection Anne et Jacques Kerchache, à travers une scénographie conçue par Enzo Mari, l'un des grands maîtres du design italien.

Avec près d'une centaine de bocio dont certains appartiennent désormais à d'autres collections privées, Vaudou est la première grande exposition consacrée exclusivement à ces sculptures traditionnelles d'Afrique occidentale.

L'exposition réunit aussi les notes, lettres et photographies de Jacques Kerchache en lien avec ses expéditions, ses recherches sur le vaudou et ses projets d'exposition des arts premiers dans les musées français.

Les films d'archives de ses voyages permettent d'explorer le vaudou dans son contexte et de porter un nouvel éclairage sur un art qui reflète les préoccupations universelles et éternelles de l'humanité.

Fondation Cartier pour l'Art contemporain
261, boulevard Raspail - 75014 Paris
Tel : +33 (0)1 42 18 56 50

Silhouettes taillées dans le bois, imposantes ou modestes, grossières ou délicates, agrémentées de coquillages, cadenas, mâchoires animales et parfois humaines, perles, clous, poils, graines et cornes, flacons et cordages, le tout recouvert d'une couche de matières sacrificielles, huile de palme et sang :
- ce sont des « bocios », des statuettes vaudou servant d'intermédiaire entre le monde visible et le monde spirituel.

Recueillies au Bénin et alentours, toutes plus hiératiques, comiques, belles, mystérieuses et macabres les unes que les autres, elles ont servi lors de rites d'envoûtement, de vengeance ou de protection, selon une grammaire qui nous échappe presque complètement.

Des objets fabriqués à la demande par des féticheurs aux ressources inépuisables, pour satisfaire tous les désirs humains, grandioses ou misérables. « Beautés convulsives », aurait dit Breton, elles défient notre pauvre entendement occidental, présentées dans une mise en scène sobre et spectaculaire, qui mue la fondation Cartier en cabinet de curiosités silencieux.

Pas de cartels, peu d'explication. Nous ne sommes pas au musée, mais face à une collection particulière, amassée par un homme passionné mais pas tout à fait scientifique: Jacques Kerchache, celui-là même qui souffla à Jacques Chirac la création du musée du Quai-Branly.

Les ethnologues du musée de l'Homme le détestaient sans doute, lui et ses collectes sauvages. Il faut aller s'initier au vaudou: on n'en revient pas plus savant, mais très habité.


Source : Marguerite Baux