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 Le Silence comme attention aux signes

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silence
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MessageSujet: Le Silence comme attention aux signes   Le Silence comme attention aux signes Icon_minitimeDim 23 Déc - 12:40

Formation de l'adulte

Le silence comme attention aux signes



Le silence est, chez l'indien, une attention aux signes. Le message "«sois attentif ! » exprime fort bien un état d'esprit qui est caractéristique des Indiens ; il implique que dans chaque acte, dans chaque chose, et à tout moment, le Grand-Esprit est présent, et qu'on doit être continuellement et intensément «attentif» à la Présence divine." (.i.ELAN NOIR;,1992, p.92).

La formation de l'être humain est conçue comme une in-formation dont la vision et la prière sont les modalités principales. La quête de vision marque l'entrée dans la vie adulte. D'une certaine manière nul n'est adulte sans une vision qui lui indique sa voie. Le silence de l'esprit et l'attention sont constamment nécessaires pour percevoir et comprendre les signes que nous adresse le Grand-Mystère. Celui qui a imploré une vision "devra toujours se souvenir de Toi, ô Wakan-Tanka, quand il marchera sur le sentier sacré de la vie, et qu'il doit prêter attention à tous les signes que Tu nous as donné." (.i.ELAN NOIR;, 1992, p.94).



Le silence harmonie de l'être et voix du Grand-Esprit



Dans son livre "L'âme indienne" Charles Eastman, écrivain Sioux Santee, développe à plusieurs reprises l'idée que le silence est autant la manifestation de l'harmonie interne de la personne que la voie même du Grand-Esprit.

"Si la nature est le grand livre du Grand Mystère il s'agira d'en lire les enseignements dans le recueillement silencieux qui correspondait sous d'autres cieux au climat de la méditation." (.i.EASTMAN;, 1992, p.16).

"L'américain des temps anciens mêlait à sa fierté une remarquable humilité. L'arrogance spirituelle était étrangère à sa nature et à son enseignement. Il ne prétendit jamais que le pouvoir de la parole articulée fût une preuve de supériorité sur la création muette ; d'autre part, c'était pour lui un don dangereux. Il croyait profondément au silence -la marque d'un équilibre parfait. Le silence c'est l'équilibre parfait, l'harmonie entre le corps, le mental et l'esprit. L'homme qui demeure toujours maître de soi, calme, non perturbé par les orages de l'existence -pas une feuille ne bouge sur l'arbre, pas une ride sur la surface étincelante d'un plan d'eau- est bien, pour le sage illettré, le modèle d'attitude et de comportement dans la vie.

Si vous lui demandez :«Qu'est-ce que le silence ?», il vous répondra : «C'est le Grand Mystère ! Le saint silence est sa voix !» Si vous demandez : «Quels sont les fruits du silence ?», il dira : «Ses fruits sont le contrôle de soi, le courage authentique, l'endurance, la patience, la dignité et la vénération. Le silence est la pierre angulaire du caractère.». «Gardez votre langue quand vous êtes jeunes, disait le vieux chef Wabashaw, et avec l'âge il se peut que mûrisse en vous une pensée féconde pour votre peuple !»." (.i.EASTMAN;, 1992, p.94).



C'est dans le silence intérieur que parle le symbole



Cette capacité contemplative que donne le silence est cohérente avec la vision symboliste indienne du cosmos "qui se fonde sur la nature essentielle -ou la transparence métaphysique- des phénomènes, plutôt que de les couper de leurs prototypes" (.i.SCHUON;, 1990, p.6).

Pour Joseph Epes Brown, professeur à l'université du Montana , "La signification généralement admise du symbole -à savoir une forme représentant ou indiquant quelque chose d'autre que la forme ou l'expression par elle même- est incompréhensible pour un Indien. Selon l'orientation cognitive de celui-ci, les significations sont perçues le plus souvent intuitivement et ne sont pas interprétées de manière indirecte à travers l'analyse; il tend à y avoir une unité entre la forme et l'idée, ou le contenu. Dans ce cas, le «symbole» devient ce à quoi il fait référence. L'arbre situé au centre de la loge au cours de la Danse du soleil ne représente pas seulement l'axe du monde, mais il est cet axe et est le centre du monde. L'aigle ne symbolise pas le soleil, mais d'une certaine manière est le soleil ; de la même façon le soleil n'est pas un symbole du Principe Créatif, mais est ce Principe tel qu'il se manifeste dans le soleil." (.i.BROWN;, 1990, p.105).

La conséquence de ce principe symbolique, qui n'est pas une simple représentation mais bien un mode de présentification du signifié, c'est une inscription centrale et une liaison vitale de l'être humain avec la création. Cette conception traditionnelle du symbole a des conséquences énormes sur la formation en dépassant par exemple la séparation classique de la théorie et de la pratique. "Nous avons à faire avec les Indiens d'Amérique, à un type de culture dans laquelle l'action et la contemplation sont intégrées et liées l'une à l'autre. (...) on peut dire que certains rituels et cérémonials -au même titre que la routine de la vie quotidienne- constituent des actes de méditation qui offrent,(...) la possibilité d'accéder à une pure contemplation. Le chasseur, par exemple ne fait pas que participer à une activité de subsistance strictement mécanique (..). Black Elk qualifiait l'acte de chasser comme étant -et non comme représentant- la quête vitale de l'ultime vérité." (Ibid. p.107).

De fait le monde spirituel indien ne se fonde pas sur un dogme, un verbe, mais sur une révélation prohétique perpétuelle, sur une inspiration, un information constante de l'Esprit. Cette inspiration prophétique trouve son support dans les formes de la création et des rituels reçus. De nombreux anthropologue on soulevé la difficulté de parler des conceptions religieuses indiennes. En effet si l'on trouve une remarquable unité dans les pratiques et les rituels, les interprétations recueillis par les anthropologues sont très variées. Ce paradoxe est principalement du à la lecture symbolique qu'ils font du monde comme de la religion. "In symbolic representations or religious objects and acts which are meant to represent things of religious importance, we encounter considerably more variation than is evident in beliefs about the nature of power and the way it behaves during the dance. For several years I was perplexed by the many interpretations I heard about the meanings of such things as the center pole [in the Sun Dance],(...). The cause of the variety of interpretations is partially explained by the following comment from a middle-aged Northern-Ute dancer : «No one person knows the true meaning or what the whole dance means. Even the chiefs who have danced for a long time know only parts of it. They are always learning more about it through the dreams that that Man gives them.» These new interpretations, revealed in dream are additive rather than replacements for old interpretations." (.i.JORGENSEN;, 1972, p.210).

Cette capacité à percevoir la qualité symbolique des choses et des événements reste aujourd'hui très vivace, si l'on en croit ce témoignage collecté auprès d'un indien Lakota contemporain par le père Steinmetz pour son travail de thèse de doctorat : "Nous autres Indiens vivons dans un monde de symboles et d'images où le spirituel et l'ordinaire ne font qu'un. Pour l'homme blanc, les symboles ne sont que des mots qu'on dit ou bien qu'on écrit dans les livres. Pour nous ils sont une partie de la nature, une partie de nous-mêmes; la terre, le soleil, le vent et la pluie, les pierres, les arbres, les animaux, même les petits insectes comme les fourmis ou les sauterelles. Nous essayons de les comprendre non pas avec la tête mais avec le cÏur, et une simple indication suffit à nous en révéler le sens." (John Lame Deer cité par .i.STEINMETZ;,1992 p. 41).
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