Bonjour à toutes et à tous
Je voudrais vous raconter ce qui m’est arrivé vendredi de la semaine passée. C’était une belle et douce matinée, j’avais décidé de faire une balade à vélo. J’empruntais donc un chemin de campagne herbeux, à droite une peupleraie, à gauche un champ de colza en fleurs.
L’herbe était haute et parsemée de fleurs. Ce chemin bosselé débouchait sur un petit bois. L’entrée de ce bois est un rétrécissement du chemin ; les arbres formant une voûte basse, je dû baisser la tête pour éviter une branche. L’ensemble donne l’impression d’entrer dans un monde particulier.
Comme d’habitude quand j’entre dans un bois, je saluai mentalement les esprits du lieu.
Je venais juste d’entrer quand j’aperçus, devant moi à une dizaine de pas environ, un faisan qui débouchait des feuillus et s’engageait sur le chemin. Je m’arrêtais pensant le voir traverser et voulant profiter de ce moment. C’était un mâle, un faisan vénéré aux couleurs chatoyantes. Une longue queue, un corps ocre jaune, des ailes ocre rouge, des couleurs brillantes. Sa tête noire et blanche surmontait une jolie collerette blanche. Un bel oiseau.
Je le contemplais ravi, quand je m’aperçus qu’il venait vers moi plutôt que de traverser le chemin. Je profitai du moment et bien sûr, ne bougeai pas d’un centimètre. Il s’approcha d’une démarche hautaine et tranquille en émettant quelques sons semblables à des gloussements. Il émettait en même temps des petits sifflements à peine audibles. J’étais amusé et me dis que j’avais affaire à un faisan d’élevage.
Il était si près qu’il touchait presque la roue de mon vélo. Je l’observais et lui parlais mentalement. Il régnait dans ce bois très touffu une ambiance presque irréelle. Je ne voyais plus le champ de colza très proche mais ses milliers de fleurs embaumaient ; le parfum confiné dans le sous-bois remplissait tout l’espace.
Le faisan continuait de se nourrir en gazouillant. J’eus vite fait de remarquer quelles plantes étaient ses préférées. Je posai donc lentement mon vélo sur sa béquille et cueillis un brin de sa plante favorite, puis lui tendit doucement. Il me regarda, eut quatre battements d’ailes, voulut se poser sur mon bras ; mais mon coupe-vent est glissant et il tomba sur le sol. Il se remit sur ses pattes sans autre formalité et continua sa quête.
Le temps passait. Je remerciais les esprits de ce bois pour m’avoir permis une telle rencontre et décidais de poursuivre cette promenade qui déjà m’avait apporté beaucoup de joie.
Je pris donc mon vélo à la main et me dis que passant discrètement derrière l’oiseau, qui me tournait maintenant le dos, je pourrais m’en aller sans le déranger. Il se passa à ce moment une chose curieuse. Le faisan était à ce moment devant moi sur ma droite. Je voulus donc passer derrière sur la gauche. Sans me regarder, l’oiseau bifurqua et se mit devant ma roue. Je souris et voulus passer à droite ; même manège. J’insistai mais cela dura sur plusieurs mètres. Rien à faire ; le bel oiseau ne me regardait pas, mais chaque fois que je voulais passer, il se mettait devant ma roue. J’étais interloqué. Que se passait-il ?
Je réfléchis rapidement et me dis qu’il y avait certainement une raison à cette attitude. Peut-être me prévenait-on de ne pas aller plus loin ; peut-être y avait-il un danger quelconque ? Lequel ?
Je décidai de rebrousser chemin, me mis en selle et partis. J’avais parcourus une vingtaine de mètres quand j’eus une impression curieuse. Je m’arrêtai et me retournai. Le faisan était à un mètre de ma roue arrière ! Qu’est-ce que cela veut dire… ? Je remis mon vélo sur sa béquille, m’accroupis et tendis la main à l’oiseau qui de nouveau était à côté de moi. Mais cette fois il fut sur la défensive et écarta les ailes en me regardant. « D’accord » lui dis-je mentalement, et n’insistai pas. Il s’éloigna dans le bois de sa démarche tranquille, toujours gloussant.
Je m’aperçus alors que je frissonnais, j’avais froid, pourtant la matinée était toujours aussi douce et agréable et le colza embaumait. J’arrivais à la hauteur des peupliers, quand je crus entendre chanter une chouette. Il était à peu près une heure avant midi. Une chouette ? Puis une buse, puis un geai. J’eus de nouveau froid puis des frissons partout. J’étais visiblement très troublé et incapable de reconnaître l’oiseau qui venait de chanter…
Je rentrai donc à la maison. Sur mon chemin, j’étais tellement impatient de raconter à ma compagne ce qui venait de m’arriver, que je fis une mauvaise manip’ et la chaine de mon vélo sauta. Sans doute était-ce pour me ramener à la vie normale, me faire redescendre sur terre … ? J’eus de nouveau froid et des frissons dans tout le corps...
Sympathie