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 Les bonzes thérapeutes au Cambodge

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MessageSujet: Les bonzes thérapeutes au Cambodge   Les bonzes thérapeutes au Cambodge Icon_minitimeDim 31 Mar - 10:05

Les bonzes thérapeutes au Cambodge

Didier BERTRAND, Docteur en psychologie interculturelle, Ethnopsychologue
Centre d'Anthropologie Chine du Sud et Péninsule Indochinoise, CACSPI, CNRS, PARIS
Centre des Equipes de Recherche en Psycho-Pathologie interculturelle, CERPP, Université de TOULOUSE le Mirail.
Présentation générale
Les pratiques thérapeutiques des bonzes sont bien connues au Cambodge tant en milieu rural que urbain et semblent faire l'objet d'un relatif consensus même de la part des médecins qui leurs reconnaissent certaines vertus thérapeutiques. Les bonzes guérisseurs sont sollicités par nombre de personnes souffrantes et s'insèrent véritablement dans les parcours de recherche d'aide ou de soins. Certaines pagodes sont transformées en hôpital-hospice et hébergent ainsi plusieurs dizaines de malades qui ne sont pas toujours des indigents. D'autres sont quotidiennement visitées par de nombreux fidèles qui viennent y chercher réconfort, purification, force, écoute et conseils....

1/ Introduction

Les bonzes de par la spiritualité qui intègre toute la complexité de la réalité sociale khmère sont des vecteurs essentiels de la vie culturelle.
Ils participent au "dispositif de santé" au sens large car ils apportent des réponses, non seulement aux troubles physiques et psychiques, mais aussi à des problèmes plus pragmatiques et à de nombreuses aspirations, matérielles sociales, spirituelles du citoyen. Avec les "krous khmer" ou médecins traditionnels, présents dans tous les villages, ils représentent souvent le premier recours thérapeutique. Ils véhiculent des croyances et des pratiques rituelles issues la cosmogonie traditionnelle. Selon leur spécialisation, ils emploient :
- des remèdes naturels anciens (tnam boran),
- différentes pratiques thérapeutiques (bénédictions, rubéfactions, fumigations, scarifications, bains de vapeur...),
- des rites à caractère religieux ou magique.
Certains krous ou bonzes sont spécialisés dans des diagnostics telles les fractures, la folie, la possession par des esprits malfaisants... Ils peuvent aussi intervenir à plusieurs avec le même malade, pour lire la maladie, préparer les remèdes, et utiliser différentes thérapies ou cérémonies (dans de nombreuses pagodes les bonzes guérissent en coordination avec un krou khmer laïc qui pratique certaines opérations que les bonzes, de par leur statut, ne peuvent pas exercer telles masser une femme)

.- Autres intervenants en matière de santé, les médiums appellent des esprits (boramei) qui les possèdent et avec lesquels ils opèrent des tractations pour délivrer les malades des causes de leurs souffrances. Certains bonzes, rares il est vrai, pratiquent la possession de manière discrète et plus ou moins démonstrative.

2/ Les pratiques thérapeutiques des bonzes

Le Bouddhisme, qui a intégré un entrelacs de rites magico-religieux et de croyances plus anciennes, opère un syncrétisme complexe. Les bonzes pratiquent des rites qui relèvent aussi de techniques de manipulation des forces surnaturelles, avec lesquelles le bouddhisme populaire s'accommode bien, mais leur outil premier, ce sont les écritures sacrées en pâli, qui, incomprises de la majorité de la population, sont investies d'un pouvoir incomparable.
Les bains d'eau lustrale (sroy tuk), les bénédictions collectives (proh), le souffle (splom) sont toujours accompagnés des paroles sacrées que certains bonzes inscrivent sur la peau des malades à l'aide de baguettes d'encens ou de dents d'animaux sauvages. De même, ces signes sont encore écrits sur les talismans (youan , sc yantra) pièces de tissus aux inscriptions magiques ou sur les kathas plaquettes de métal portées roulées sur un cordon autour de la taille (ksé katha), ou sur les feuilles de banian, ficus reliogiosa, (daeum pho) qui trempent dans l'eau que l'on donnera à boire aux malades.
Nombre de maladies naissent d'un déséquilibre entre les éléments fondamentaux ou le chaud et le froid, et appellent donc à des traitements par la riche médecine traditionnelle (d'origine ayurvédique) consignée dans de rares recueils (kampei) en feuilles de palmier; certains bonzes sont de véritables experts en matière de pharmacopée traditionnelle.

Mais, toutes les maladies ne sont pas dues à un dérèglement de l'organisme, on distingue en outre: celles dues à des fautes commises envers les ancêtres ou envers les génies locaux (neak ta), celles dûes aux esprits (khmoï, priay, asorokay...) ou aux sorciers (dhmop, ap), qui appellent à d'autres traitements censés chasser les fantômes, délivrer des dangers (romdo kroua) et de mauvais sorts, élever l'énergie vitale (laen rieisey).
Certains bonzes s'arment d'une tige ligneuse de palmier pour frapper ces mauvais esprits et les obliger à quitter le corps du malade, ou "les brûlent" avec des baguettes d'encens ou des bougies, d'autres se refusent à employer toute violence et préfèrent négocier avec des offrandes transmises aux êtres de l'au-delà pour les amadouer.

Par ailleurs, les bonzes fournissent une écoute, un support psychologique qui permet de parler, des explications, et des éléments de compréhension importants et enfin des conseils. Ils reconnaissent et reformulent les problèmes avec un diagnostic précis qui a une signification pour le malade. Les bonzes ont des enseignements qui aident les fidèles à gérer les difficultés de l'existence. Amenés à traiter toutes sortes de situations ou de conflits (conjugaux, héritages, terres, voisinage, jalousie amoureuse), le plus souvent en relation immédiate avec les symptômes psychosomatiques avancés, ils proposent au malade une possibilité de vivre et de maîtriser son problème ainsi qu'une amélioration des relations avec son environnement.
Des communautés de malades peuvent se tisser et se reconstituer autour de certaines pagodes, cela permet à l'individu de retrouver sens et repères. L'inscription dans la communauté thérapeutique signe l'entrée dans un mode de vie différent, de nouvelles règles, de nouveaux liens et façons de se comporter mais aussi les malades sont mieux pris en charge et entourés.

L'action du bonze a trois fonctions : psychologique, sociale, préventive, aux niveaux mental, social, et corporel.
La thérapie qui répond avant tout à la question de la signification et de l'origine du trouble, du mal ou du malheur procède par des mécanismes d'inversion, de réparation et de rétablissement d'alliances auxquels sont associés des traitements à base de médicaments. Toutefois les pratiques dites traditionnelles ne sont pas étanches, elles évoluent et empruntent aussi au système biomédical comme cela se traduit à la fois dans les discours d'explication de la maladie et l'emprunt plus ou moins déguisé de médicaments occidentaux.

En matière de santé mentale et de troubles psychiatriques, en particulier, certains bonzes qui ont acquis une réputation en matière de soins de troubles graves de la personnalité et du comportement, n'hésitent pas à utiliser des neuroleptiques et tranquillisants qu'ils mêlent à l'eau bénite, ce qui, à notre sens, pose question.

3/ La formation des bonzes guérisseurs

Nous pouvons repérer différents types de formations selon les spécialités exercées par les bonzes qui, pour expliquer leur pouvoir de guérison font référence à la prière, la théorie de Bouddha, la bonne conduite, la vertu, la méditation et la connaissance des plantes et de leurs usages en privilégiant tel ou tel aspect.

Ceux qui ont recours à la pharmacopée traditionnelle ont le plus souvent suivi un enseignement classique auprès d'un médecin traditionnel qui leur a transmis les secrets des plantes.

Certains bonzes ont eu une expérience mystique que ce soit en tant que moine ermite sur des montagnes isolées, ou, lors de la pratique de la méditation qui leur permet d'avoir une vision claire.

Pour de nombreux bonzes que nous avons rencontrés, le pouvoir de guérison a été révélé par un krou ou un être de l'au-delà qui continue à les soutenir. Tel ce bonze qui se dit en connexion avec le boramei (puissance protectrice) de la pagode de Vihear Sour lorsqu'il doit guérir; pour un autre c'est le pouvoir de l'ancien chef de la pagode, de nos jours décédé, qui s'est signalé à lui lors d'une longue maladie. Cette relation avec un monde d'esprits étrangers en principe au bouddhisme reste fréquente, un bonze explique: "Quelque chose me pénètre (bain) et m'aide, il pique à mon flanc et je lève mon bras pour frapper les fous et me permet de les vaincre".

Certains qui se considèrent comme des élus, s'honorent d'une puissance (boramei), qu'ils disent originaire de Bouddha même et leur permet de guérir en vertu de leur bonne conduite, de leur respect des codes et de la pratique de la prière.
D'autres reconnaissent plus humblement qu'ils ne font qu'utiliser la parole de Bouddha, ou qu'ils font appel à sa puissance pour chasser les mauvais esprits, qu'ils utilisent les textes et les caractéristiques des lettres et des éléments consignés dans les kampi et katha (faisant référence à certains textes précis dont nous n'entamerons pas l'analyse ici ).
Le soutien psychologique lui est essentiellement sourcé dans les écritures sacrées, la théorie de Bouddha (thoa, sc dhamma) qui est une source de sagesse pour la vie.

4/ Intérêt des bonzes guérisseurs dans un système de soins

Les réactions et la symptomatologie ont un sens par rapport à chaque culture qui définit des conceptions différentes de la personne. Le malade va rechercher l'aide de "techniciens" jugés compétents, pour coopérer avec eux et trouver des réponses à des questions précises.
Les bonzes proposent une théorie causale du problème qui s'inscrit dans une vision du monde partagée. Opérant un véritable travail d'autorégulation, les bonzes, réinvestis dans leurs fonctions de guides spirituels, d'éducateurs et de conseillers, peuvent exercer une grande influence sur leurs fidèles. Certains dont la renommée a dépassé les frontières du royaume sont maintenant invités pour des tournées thérapeutiques à l'étranger, par exemple en France, où les pagodes cambodgiennes n'autorisent pas les bonzes locaux à exercer de la sorte. De même, des khmers de l'étranger reviennent se faire soigner au pays après des parcours médicaux et hospitaliers impressionnants qui n'ont pas su remédier à leurs troubles.

En particulier, après des années de guerre et de souffrances diverses qui ne sont pas sans affecter le psychisme, Maurice Eisenbruch souligne le rôle important des guérisseurs traditionnels qui accompagnent le deuil culturel (cultural bereavment), mieux que ne pourraient le faire les psychiatres qui ont aussitôt recours à une artillerie lourde de produits psychotropes. Les symptômes qui témoignent du traumatisme doivent être compris comme une tentative de sortir de l'isolement, de terreurs intimes, de communiquer, ils appellent alors à une lecture culturellement sensible qui n'est pas forcément celle des standards de diagnostic internationaux. Le problème interculturel qui se pose est celui de la conceptualisation des plaintes et de l'attitude que le soignant développe à leur égard. Différents patients rencontrés dans les pagodes nous ont raconté l'incompréhension et la négation de leurs troubles que l'on opérait lorsqu'ils se présentait chez un psychiatre. Tel ce vieil homme réfugié dans une pagode et harcelé par des démons dès qu'il en passait le seuil qui, après avoir fait l'effort d'aller à la consultation de psychiatrie s'est vu dénier non seulement son ressenti physique (un feu qui lui brûlait tout l'intérieur du corps) mais encore ses représentations.

Les pratiques des bonzes répondent aux représentations des fidèles et aux lacunes du système national de soins, en particulier, sans se vanter de pouvoir guérir un mal que chacun sait pour le moment invincible, certains bonzes et nonnes (diachi) essaient maintenant d'accueillir les plus démunis face au Sida et aux phénomènes de rejet qu'ils rencontrent.

Au Cambodge, nous trouvons donc des pratiques diverses qui témoignent de l'établissement d'un modus vivendi entre différentes formes de thérapies constituant un système global d'approche de l'événement maladie. L'on peut parler véritablement de thérapies alternées avec une constante qui est celle de l'accompagnement du groupe familial qui participe activement aux choix thérapeutiques (ainsi que le voisinage et les relations). De par leur rôle social, éducatif, sanitaire, les bonzes, contribuent de fait au développement de la personne dans la communauté et en ce sens au développement intégré du pays dont la santé est un élément essentiel.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Ang Chouléan, Les êtres surnaturels dans la religion populaire khmère, Paris CEDOREK, 1986.Condominas Georges, Notes sur le bouddhisme populaire en milieu rural Lao, II, Archives de sociologie des religions, 26, p 111/145, 1968.Bizot François, Le figuier à cinq branches, Recherches sur le bouddhisme khmer, PEFEO,Vol CVII, 1976, Paris.Eisenbruch Maurice,- From post traumatic stress disorder to cultural bereavment, diagnosis of South East Asian refugees, Social sciences and medicine, Vol 33 n°6 p 673-680, 1991.- L'espace rituel des patients et des guérisseurs au Cambodge, BEFEO 79-2 p 283/316,1992,Paris.Hanh P E, Médecine et pharmacie traditionnelle au Kampuchéa, thèse de doctorat de pharmacie, Tours, 1978.Hiegel Jean Pierre et Landrac Colette,Coopérer avec des médecins traditionnels asiatiques, un métissage des savoirs, Nouvelle revue d'ethnopsychiatrie, n° 17, 23/52, 1991.Leclère M A, La médecine chez les cambodgiens, revue scientifique 4ème série, tII p 715-721, 1894.Lautman Françoise et Maitre Jacques, Gestions religieuses de la santé, l'Harmattan, Paris, 1995.Martin Alexandrine, Eléments de médecine traditionnelle khmère, Seksa Khmer, 6, p135/170, 1983.Marcucci John, Sharing the pain, critical values and behaviors in khmer culture in Cambodian culture since 1975, Cornell University press, 129-140, 1994.Roberstson Alec, Buddha the healer incomparable, State printing corporation, Colombo, Sri Lanka, 1990Zago Marcel, Rites et cérémonies en milieu Bouddhiste Lao ( documenta missionalia, 6) Roma universita grégoriana Editrice, 1978.
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dubuisson

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MessageSujet: bonzes thérapeutes   Les bonzes thérapeutes au Cambodge Icon_minitimeLun 1 Avr - 8:24


Soignons l'âme, nous soignerons le corps. C'est une manière de penser qui est certainement aussi vieille que l'humanité, ainsi que ses résultats. L'Orient n'a jamais cessé d'appliquer cette connexion spirituelle avec le corps.

L'Occident renouera peut-être avec ce genre de tradition à travers l'Ayurvéda.

Et.... à quand nos prètres guérisseurs ? Laughing Laughing Laughing
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vasariah06

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MessageSujet: Re: Les bonzes thérapeutes au Cambodge   Les bonzes thérapeutes au Cambodge Icon_minitimeMer 3 Avr - 18:47

En fait, nos ancêtres ont toujours su comment soigner c'est la médecine actuelle qui a modifié les consciences.
Bien que la médecine actuelle soit aussi nécessaire ! Wink Wink
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MessageSujet: Re: Les bonzes thérapeutes au Cambodge   Les bonzes thérapeutes au Cambodge Icon_minitime

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