Max Beauvoir chef suprême du vodou haïtien Allez par tout le pays et faites des adeptes de la religion vodou ! Le culte des ancêtres, marginalisé, stigmatisé, sort de l'ombre. Lumière sur la cérémonie d'ordination du premier « Ati national ».
François Max Gesner Beauvoir a été élevé au rang « d'Ati national », chef suprême du vodou haïtien, le vendredi 7 mars 2008. A l'occasion de cette cérémonie d'ordination, la Confédération nationale des vodouisants haïtiens (CNVH) a réuni, au local de Le Lambi Night-Club, à Mariani, des représentants de partis politiques, d'églises chrétiennes et autres cultes, des membres du gouvernement. Hougans, mambos, initiés et autres serviteurs des dieux vodou venus des quatre coins du pays ont pris part à cette cérémonie.
« Nous devons construire Haïti pour le bonheur de tous les Haïtiens. C'est sur la base de cette idée que s'est formée la Confédération nationale des vodouisants haïtiens », a déclaré le chef suprême du vodou haïtien, en scandant un Ayibobo. Il a souhaité le relèvement du niveau de vie de la population et se désespère que tant de forces vives de la nation n'aient pu être exploitées au bénéfice du développement d'Haïti. « La force de travail du vodouisant est extraordinaire, mais on ne le reconnaît pas en Haïti. Dans les pays étrangers, cette même force de travail participe au développement », a-t-il fait remarquer.
- Le vodou, une religion à part entière - « Cette cérémonie d'élévation de Max Beauvoir au rang de Ati national étale dans toute sa vérité cette liberté de vue, de communion, de vivre ensemble que prône le gouvernement, à savoir pratiquer sa religion sans contrainte », a dit le directeur spirituel du ministère des Cultes, Henry Chéry.
Il a fait observer que l'Etat haïtien, en conformité avec la Constitution et aux lois de la République, depuis la sortie de la loi du 4 avril 2003, reconnaît le vodou comme religion à part entière.
Henry Chéry a souhaité que la religion vodou se dote de structures solides au niveau local, régional et national qui lui permettra de réguler les manifestations et actes de cette religion de concert avec l'Etat. Il croit que la pratique du vodou peut s'exercer avec efficacité afin que ses serviteurs continuent à faire des adeptes à travers tout le pays.
Religion ancestrale, élément d'intégration, le vodou a, pendant longtemps, été victime de l'incompréhension, de l'ignorance des uns et des autres, a signalé Henry Chéry qui profite de l'ordination de l'Ati national pour demander aux vodouisants d' « envisager de définir une coopération plus active avec l'Etat en faisant des propositions constructives pour le bien du pays».
- Plaidoyer pour le vodou - L'ordination de l'Ati, placé sous le signe de vodou et développement, « nous offre une occasion de nous structurer pour faire avancer le pays dans l'idéal démocratique et de développement », a dit une représentante du CNVH, Carline Viergelin. Cette structuration, selon elle, est un défi, un espoir, un moment historique qui ouvre la perspective d'une nouvelle forme de vodou en Haïti. Pour cela, il faut « une prise de conscience chez le vodouisant». Elle prend Max Beauvoir comme modèle, un hougan qui a consacré une bonne partie de sa vie à faire sortir le vodou, religion stigmatisée, de sa marginalisation.
Se faisant avocate du vodou, Viergelin trouve dans la religion des ancêtres le fondement pour le développement, une solide base pour un nouveau projet de société.
La confédération des vodouisants haïtiens a placé la barre très haut. Elle veut inscrire le mouvement dans le processus de la mondialisation. Aussi l'association a-t-elle pour but de guider les vodouisants et d'ouvrir un dialogue culturel avec les pays ayant des religions traditionnelles africaines comme le Brésil (Condomble), Cuba (Santeria), la Martinique (Quinbois), Guadeloupe (Coca), Trinidad et Tobago (Shango).
Au bord de la mer, dans le décor ruisselant de lumière du Lambi Night-Club, les tambours résonnent, les âmes tressaillaient, les dieux tutélaires veillent sur le troupeau de vodouisants. Les voix de Fabienne Denis et de Carole Démesmin enveloppaient l'assistance. Comme des vagues, elles devenaient berceuses.
(Claude Bernard Sérant)