Les ermites nomades de Thaïlande.
Les moines bouddhistes " dhutanga ", appelés " tudong " en Thaïlande, se consacrent à la vie errante comme à l’époque de Bouddha. Ils voyagent à pied à la recherche d’endroits propices à la méditation. Ils résident en plein air (abbhokasikanga), de préférence dans les forêts (arannikanga) et au pied d’un arbre (rukkamulikanga). Leur code de vie ne présente pas de caractère obligatoire. L’objectif est la simplification des besoins, il ne s’agit pas de pratiquer des mortifications.
De nos jours, il n’est pas rare de rencontrer des moines dhutanga en Thaïlande, le mot thaï " tudong " qui les désigne signifie " errer ", " partir " en pérégrination. Les tudong sont les derniers représentants de l’antique sagesse des philosophes errants de la trempe du Bouddha Siddhârta Gautama. Ils ne se soucient pas de fonder des institutions bouddhiques prospères et des centres de loisirs méditatifs où tout est tarifé.
Le moine Thaïlandais Ajahn Chah était un authentique tudong. Sa vie exemplaire et sa réalisation spirituelle ont suscité de nombreuses vocations de moines dans la Tradition de la Forêt des Anciens, des Théra. Les disciples occidentaux de Ajahn Chah ont créé plusieurs monastères en Europe. Il n’y a pas de gourou et d’enseignement tous les religieux respectent le conseil du Bouddha :
" Ne vous contentez ni des rumeurs, ni de la tradition, ni de coutumes immémoriales, ni de l’autorité de textes sacrés, ni d’une supposition, ni d’une déduction logique, ni d’une preuve sûre, ni d’une inclination naturelle pour telle ou telle idée après y avoir réfléchi, ni des compétences d’autrui, ni de la pensée " le moine est notre maître ". Quand vous savez en vous-mêmes que " ces choses sont saines, irréprochables, conseillées par celui qui est sage, et qu’une fois adoptées et mises en pratique, elles procurent bien-être et bonheur ", alors vous devriez les pratiquer et vous y tenir… "(Kalama sutta)
Malheureusement, les moines, qui perpétuent en Occident la vieille misogynie bouddhique, sont attachés à des préjugés anachroniques démontrant ainsi que l’éveil libérateur tarde à se manifester malgré leurs méditations et les sages conseils du Kalama sutta.
Le père fondateur de leur ordre n’avait pas hésité à rejeter le système des castes, la croyance en l’Atma, le ritualisme des brahmanes… Pouvait-il aussi promulguer l’égalité des sexes dans une Inde qui abrogea récemment le sacrifice par le feu (satî) des veuves, par exemple ? De nos jours, les femmes réussissent dans tous les domaines de la société, la misogynie du clergé bouddhique est une offense à l’intelligence, c’est un reliquat de la barbarie patriarcale.
AJAHN CHAH
En 1946, Ajahn Chah gagna à pied le centre de la Thaïlande, dormant dans les forêts et collectant sa nourriture dans les villages sur son chemin, et s'installa dans un monastère où le vinaya était soigneusement étudié et pratiqué. C'est à cette époque qu'on lui parla d'Ajahn Mun Buridatto, un Maître de méditation hautement respecté. Désireux de rencontrer un tel Maître accompli, Ajahn Chah se mit en route à pied pour le Nord -Est de la Thaïlande afin de le rencontrer.
A cette époque Ajahn Chah se débattait avec un problème crucial. Il avait étudié les Enseignements concernant l'éthique, la méditation et la sagesse, que les textes traditionnels présentaient de façon détaillée et raffinée, mais il ne voyait pas comment les mettre en pratique. Ajahn Mun lui déclara que, malgré le caractère extensif des Enseignements, leur essence était très simple. Avec l'établissement de l'attention il est possible de voir que tout est issu de ce que les Maîtres de Forêt nomment "mental-coeur" ; c'est là-même que se trouve le véritable chemin de la pratique. Cet enseignement succinct et direct fut une révélation pour lui et transforma son approche de la pratique. La Voie était désormais claire.
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