La fin du monde à Bugarach, un commerce que les autorités veulent ruiner
Les autorités indignées ont prévenu jeudi qu'elles feraient tout ce qu'elles pourront pour combattre l'exploitation commerciale de la fin du monde et la floraison des locations à prix d'or au pied du pic de Bugarach (Aude), prétendu refuge contre l'apocalypse annoncée pour le 21 décembre.
"A titre personnel, je trouve vraiment indigne d'abuser de la naïveté des gens et de se précipiter dans des commerces qui défient le sens commun", a déclaré jeudi à l'AFP le préfet de l'Aude, Eric Freysselinard, qui a saisi la justice pour examiner la qualification pénale de ces infractions éventuelles.
"Je trouve inadmissible et révoltant de jouer avec la candeur de certaines personnes en les touchant en plus au portefeuille", a-t-il ajouté.
En début de semaine, le quotidien La Dépêche du Midi citait un particulier se vantant d'avoir trouvé preneur pour quatre chambres à Bugarach au prix de 1.500 euros par jour, grâce à une annonce publiée sur un site populaire de vente entre particuliers.
L'annonce a disparu depuis, mais d'autres proposent toujours des terrains où planter sa tente à 450 euros par jour, ou une maison "fin du monde" entre 1.500 et 2.000 euros la semaine, des tarifs dont la région était peu coutumière jusqu'à sa récente notoriété internationale.
Bugarach et son pic, point culminant du massif des Corbières, sont l'un des endroits du globe où il faut être si l'on ne veut pas disparaître avec le reste de l'humanité le 21 décembre. C'est en tout cas ce que prophétisent les tenants du cataclysme, dont les théories, inspirées du calendrier maya ou par l'hypothèse d'une inversion des pôles, abondent sur internet.
Il y a quelques mois déjà, Jean-Pierre Delord, le maire du petit village de 200 âmes niché au pied du pic, avait déposé plainte lorsque des "pierres de Bugarach" avaient été mises en vente sur la toile.
Cette plainte fait l'objet d'une enquête préliminaire des gendarmes sous l'autorité du parquet de Narbonne, d'après une source judiciaire.
Un porte-bonheur
Mais des annonces similaires, émanant semble-t-il d'autres régions de France, sont apparues depuis. L'une vante les mérites d'une "pyramide naturelle de Bugarach" car "tout commence le 3 décembre 2012", une autre propose pour 170 euros un "exemplaire unique" de porte-bonheur.
On trouve aussi des annonces d'apparence plus potache, comme celle pour une "bouteille d'eau de source provenant du mont Bugarach" à 15 euros. Cette eau traiterait "grippe, hémorroïdes ou retour de l'être aimé"...
Impossible de dire si les Français se laissent prendre comme aux Etats-Unis, où s'est développée une industrie de l'apocalypse en direction des "preppers" (ceux qui se préparent) friands de bunkers et de kits de survie, disent les autorités.
Pour les gendarmes de l'Aude, qui "suivent les choses de près et vérifient toutes les informations", la "situation est calme". Il n'y a en tout cas "pas d'épidémie de locations à des prix exorbitants", a indiqué un officier.
Cela n'empêche pas le téléphone de sonner sans discontinuer à la mairie de Bugarach, où certains habitants tentent de profiter de l'affluence prévisible pour monnayer chambres ou services.
Jean-Pierre Delord est un peu las des questions de la presse internationale, mais il compte bien que son village bénéficiera des retombées touristiques de sa nouvelle célébrité au-delà du 21 décembre.
Il ne regrette toujours pas d'avoir tiré la sonnette d'alarme. Grâce à cela, "le préfet a pris les choses en main", a-t-il souligné.
En effet, les accès au pic et à ses galeries souterraines seront interdits entre le 19 et le 23 décembre, de même que le survol de la montagne. Les routes menant au village seront filtrées et, en cas de fort afflux, elles seront totalement bloquées.
Une centaine de gendarmes et de pompiers seront mobilisés, et des renforts pourront être réquisitionnés au besoin.
Pour l'instant, les autorités n'ont pas d'indication particulière que les illuminés, ou même les curieux, vont affluer. Ce sont plutôt les journalistes qui se manifestent en nombre pour cette fin du monde, la 183e annoncée depuis la chute de l'Empire romain il y a quelque 1.600 ans.
Source : AFP
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