Dès son premier voyage au Nouveau Monde Christophe Colombe découvre le dindon, la plus grosse volaille du continent américain ; il évoque « de grosses poules avec des plumes comme une sorte de laine » . Et lors de la conquête du Mexique, en 1519, Cortes observe de nombreux dindons domestiques. Une domestication très ancienne puisqu’elle remonterait en Méso-Amérique aux alentours de 1300 av. J.-C. Introduit en Europe, le volatile devient vite « coq d’Inde » ou « poule d’Inde ». Tandis que gallopavo est son nom scientifique : les premiers Européens cherchent à rattacher ce qu’ils découvrent à ce qu’ils connaissent, le coq et le paon. En France, la dinde est rapidement réputée(1). Des restes osseux de dindons datant du XVIe siècle confirment cette acclimatation. En 1534, Rabelais évoque dans Gargantua les « poules d’Inde » et Marguerite de Navarre en fait élever dans son château d’Alençon ; lors d’un banquet donné à Paris en l’honneur de Catherine de Médicis en 1549, 70 dindes sont servies. Dès 1555, Pierre Belon écrit que le dindon est commun dans les « métairies françaises ». La Maison rustique (1564) d’Estienne et Liebault...
Semi-sauvages. ces gros oiseaux au vol lourd aiment à se promener et se nicher dans les arbres. Olivier de Serres considère le dindon comme « l'emblème de la sottise et de l'orgueil" sans doute à cause de sa façon de se pavaner en se rengorgeant de glouglous devant les femelles. A l'état sauvage comme en captivité, ces mâles se montrent d'humeur fort querelleuse à l'égard des autres volailles et même entre eux. Leur caractère ombrageux les entraîne parfois dans de telles batailles que l'un sinon les deux combattants risquent d'y trouver la mort. Leur agressivité peut également s'exercer contre tout intrus pénétrant dans leur domaine, "leur" basse-cour qu'il soit volaille, chien ou homme. Les dindes sont d'excellentes mères qui élèvent leur progéniture avec sollicitude; elles sont souvent recherchées pour couver les oeufs de poules ou de pintades lorsque ces dernières sont de mauvaises mères.
Très répandue dans toute l’Amérique la dinde est incontournable des fêtes de Thankgiving day, farcie traditionnellement avec une farce au maïs. Yankee Dodlle est quasiment l’hymne américain et la dinde a failli être l’emblème des Etats-Unis
Selon les Aztèque - Le troisième monde, baptisé Soleil de Pluie et régenté par Tlaloc, est détruit par Quetzalcoatl, qui le consume sous une pluie de feu magique et transforme ses habitants en dindons à la fin du monde.
Dans le Berry, un homme qui souhaite retrouver sa vigueur sexuelle doit aller regarder trois dindons gonfler leur cou. Le soir même, il pourra faire l’amour à qui lui plaira, autant que la personne le souhaitera !
Il est dis aussi que si l'on rêve d'un dindon d'une dinde : erreur que vous risquez de commettre, mais que vous pouvez éviter !
(Chef huron avec plumes de dindon)
Dans bien des tribus autochtones, le Dindon était considéré comme l’Aigle du don ou l’Aigle du Sud. Plusieurs tribus vivaient selon la philosophie du don & du dépouillement. Exposée en termes simples, cette philosophie reconnaît de façon profonde et constante la valeur du sacrifice chez soi et chez les autres. Les gens de la société moderne, qui ont plus que ce qu’il faut pour satisfaire leurs besoins, auraient intérêt à étudier cette volaille qui se sacrifie pour que nous puissions vivre. La mort du Dindon nous permet de vivre. Rendons hommage au Dindon.
La médecine du Dindon est celle des saints et de bien des mystiques. Si vous avez cette médecine, vous êtes en droit de vous réjouir car vous avez de multiples vertus. Vous avez transcendé votre bien personnel et vous agissez pour le bien commun. Cela ne provient pas d’un moralisme suffisant ni d’une culpabilité religieuse mais bien de la connaissance profonde que toute vie est sacrée. Voilà ce qui pousse le Dindon à aider et à soutenir. Il sait que le Grand Esprit habite en chaque personne et en chaque être. Il reconnaît que ce que l’on fait aux autres, on en bénéficie aussi soi-même. La médecine du Dindon repose sur un sens juste de l’ego, sur l’éveil. Aimer les autres comme soi-même et nourrir son prochain sont des messages communs à tous les véritables enseignements spirituels.
Avec la médecine du Dindon vous pouvez recevoir un don : spirituel, matériel, voire même intellectuel. Ce don peut être petit ou grand, mais jamais insignifiant. Félicitations. Vous venez peut-être de gagner à la loterie, ou vous allez bientôt admirer un magnifique coucher de soleil ou encore sentir le parfum suave d’une fleur.
D’un autre côté, il se peut que vous sentiez augmenter en vous « l’esprit du don gratuit » ; vous avez le désir et le goût de partager avec les autres.
Dans son contraire, il y a plusieurs significations possibles.
Avalez-vous gloutonnement tout ce qui se présente, de peur d’en manquer ?
Gardez-vous chichement tout ce que vous avez sans donner un seul sou à quiconque en a besoin ?
Il se peut bien que le Séraphin ou le Harpagon qui se cache en vous ait pris l’habitude de vivre en avare. Sinon, examinez la possibilité que vous ayez peur de dépenser de l’argent en ce moment. Un autre message possible du Dindon dans son contraire : vous croyez que le monde vous « doit » quelque chose et que vous n’avez nullement besoin de recycler l’énergie. Vous ne vous sentez pas responsable de rien sauf de votre compte en banque.
Dans tous ces messages du Dindon, il est clair que la générosité de l’esprit en prend un coup. Il peut s’agir de générosité envers vous ou envers les autres.
Rappelez-vous qu’il faut donner sans attendre en retour, sinon c’est de la manipulation...
Donnez sans regret et d’un cœur joyeux, sans quoi le don perd son sens et sa valeur !
Cette philosophie reconnaît de façon profonde et constante la valeur du sacrifice chez soi et chez les autres. Ce qui pousse le Dindon à aider et à soutenir, c'est la connaissance véritable que toute vie est sacrée.
Etre le dindon de la farce, être la victime ridicule dans une affaire : Vient de ce que le dindon est toujours la victime, de quelque manière qu’on le farcisse. On joue ici sur le mot dindon, qui se prend dans le sens de sot, et sur le mot « farce ». Quelques personnes voient là une corruption d’« être le dindon de la fable ». Il s’agit de la fable de Florian*, où le singe n’ayant pas allumé sa lanterne magique, le dindon affirme qu’il voit cependant quelque chose et se fait tourner en ridicule.
*
Le Singe qui montre la lanterne magiqueFables de Florian, livre 2eme.Messieurs les beaux esprits dont la prose et les vers
sont d'un style pompeux et toujours admirable,
mais que l'on n'entend point, écoutez cette fable,
et tâchez de devenir clairs.
Un homme qui montrait la lanterne magique
avait un singe dont les tours
attiraient chez lui grand concours :
Jacqueau, c' était son nom, sur la corde élastique
dansait et voltigeait au mieux,
puis faisait le saut périlleux,
et puis sur un cordon, sans que rien le soutienne,
le corps droit, fixe, d'aplomb,
notre Jacqueau fait tout du long
l'exercice à la prussienne.
Un jour qu'au cabaret son maître était resté
(c' était, je pense, un jour de fête),
notre singe en liberté
veut faire un coup de sa tête.
Il s'en va rassembler les divers animaux
qu' il peut rencontrer dans la ville ;
chiens, chats, poulets, dindons, pourceaux,
arrivent bientôt à la file.
Entrez, entrez, messieurs, criait notre Jacqueau ;
c' est ici, c' est ici qu'un spectacle nouveau
vous charmera gratis : oui, messieurs, à la porte
on ne prend point d'argent, je fais tout pour l' honneur.
à ces mots, chaque spectateur
va se placer, et l' on apporte
la lanterne magique ; on ferme les volets,
et, par un discours fait exprès,
Jacqueau prépare l' auditoire.
Ce morceau vraiment oratoire
fit bâiller, mais on applaudit.
Content de son succès, notre singe saisit
un verre peint qu'il met dans sa lanterne.
Il sait comment on le gouverne,
et crie en le poussant : est-il rien de pareil ?
Messieurs, vous voyez le soleil,
ses rayons et toute sa gloire.
Voici présentement la lune ; et puis l' histoire
d'Adam, d'éve et des animaux...
voyez, messieurs, comme ils sont beaux !
Voyez la naissance du monde ;
voyez... les spectateurs, dans une nuit profonde,
écarquillaient leurs yeux et ne pouvaient rien voir ;
l' appartement, le mur, tout était noir.
Ma foi, disait un chat, de toutes les merveilles
dont il étourdit nos oreilles,
le fait est que je ne vois rien.
Ni moi non plus, disait un chien.
Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose ;
mais je ne sais pour quelle cause
je ne distingue pas très bien.
Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne
parlait éloquemment et ne se lassait point.
Il n'avait oublié qu'un point,
c' était d'éclairer sa lanterne.