Si l'on s'aventure en-dehors des sentiers battus du pays hopi, au nord de l'Arizona, pour escalader les alentours des trois mesas dont les villages d'adobe et de grès dominent le sol marbré du Painted Desert, le Désert Peint, on rencontre de temps en temps des buissons ou des empilements de rochers qui, de loin, semblent pris d'agitation. De plus près, on s'aperçoit alors que cette impression est donnée par ce que les Hopis appellent des « plumes-souffle », attachées à des baguettes de saule par des cordelettes en coton tissées main. Pour eux, ce duvet doux et léger comme l'air, qui pro-vient du jabot de l'aigle, correspond aux nuages et aux bru-mes où vivent les esprits faiseurs de pluie, les Katchinas. Selon le vieux principe de l'attraction des semblables, les Indiens prient pour que les plumes frémissantes agissent tels des présents et invitent ces esprits à agir en médiateurs entre les êtres humains et les forces cosmiques.
La brise du plateau du Colorado agite certes ces plumes, mais les Hopis leur ont déjà insufflé la vie et donné un sens en soufflant dessus. Traditionnellement, lorsqu'ils accueillent des anciens respectés, ils placent leurs mains en coupe et soufflent une bénédiction.
Le commerce des plumes d'aigle est interdit en Amérique du Nord, ce grand oiseau comme tous les oiseaux de proie d'ailleurs sont protégés. Seuls les amérindiens ont le droit d'en posséder, et ceci sous certaines conditions car la plume d'aigle fait partie intégrante de leur culture. La plume d'aigle est un accessoire rituel indissociable et indispensable, elle est aussi utilisée lors de cérémonies religieuses.
Bien entendu, l'aigle ne peut être chassé. Les rares plumes d'aigle qui sont encore utilisées de nos jours proviennent d'oiseaux morts retrouvés le long des routes ou sous les pylônes électriques. Lorsqu'un aigle mort est trouvé de cette façon, il est doit être remis à l' office de la faune locale qui le retransmet à son tour aux autorités amérindiennes. La possession de plumes d'aigle par des personnes non-autochtones est strictement interdite.
Avoir une plume d'aigle, par exemple une plume piquée dans votre chapeau est une offense fédérale aux USA. Il est donc interdit de faire le commerce de parures de plumes ou bonnets de plumes amérindiens constitués de véritables plumes d'aigle. Une personne ayant voulu vendre sur Ebay une parure de plumes qui provenait de ses grands-parents qui eux-mêmes l'avaient reçu en cadeau d'un amérindien au siècle dernier l'a appris à ses dépends. La parure fut saisi par les autorités, cette personne reçut en plus une très fort amende de $10,000.00.
Comment palier à la demande de plumes d'aigles? La réponse est simple, il s'agit simplement d'utiliser de fausses plumes d'aigle, souvent créées à partir de plumes de dindon. Ces plumes sont taillées et peintes à la main par des artistes spécialisés. Il y a bien entendu toutes sortes de qualités, des plus mauvaises aux plus fidèles reproductions. Les meilleures sont des œuvres d' art dont l' apparence ressemble à s'y méprendre aux véritables plumes d'aigle.