La peur de la maladie
On dit que les travailleurs manuels s’abrutissent dans leur activité, je ne sais pas. Voici un texte, qui m’est venu en tondant ma pelouse cet après-midi, tout en évitant de haché menu les abeilles qui butinaient les fleurs de trèfle blanc.
Sur mon chemin de vie, il m’a été donné de croiser, de plus ou moins loin, trois femmes. Ces trois femmes avaient toute trois un point commun ; elles avaient peur. Peur de la maladie qui s’était sournoisement développée en elles. Maladie grave. Mais ces femmes avaient une autre peur supplémentaire, elles avaient peur que leur conjoint les quitte. Peur justifiée malheureusement pour deux d’entre elles.
Ces « messieurs » ont fui. Certes, nous ne devons pas juger notre prochain ; aussi je ne propose pas un jugement, mais simplement une réflexion :
Qui sommes nous, messieurs, si certains d’entre nous font volte-face quand on a besoin de nous ? Où est le preux chevalier au panache blanc qui s’éveillait en nous à l’écoute des exploits de Bayard ou de Lancelot ? Qu’en avons-nous fait ? Que s’est-il passé dans nos têtes pour que soient abandonnées de si pieuses idées ? Surtout que certains d’entre nous n’hésitaient pas à enfourcher le fier destrier pour conquérir la belle…
Plus prosaïquement, et plus sérieusement, où est notre fierté, notre dignité d’homme si, lorsqu’une femme se noie dans sa peur de l’avenir, dans son angoisse du peut-être, nous ne lui tendons pas la main ? Où sommes-nous passés, nous, les fiers mâles qui revendiquons sans cesse notre virilité si, à l’instant où l’on nous demande des bras solides, il n’y a plus personne ? Comment peut-on être encore pris au sérieux quand nous disons en société : « Mais, je suis un homme, et fier de l’être ! »
Peut-on être fier lorsque certains de nous tournent le dos à leur épouse ou compagne, à qui ils avaient pourtant juré aide (ne parlons pas de la fidélité) et soutien ; « de la chérir et la soutenir jusqu’à ce que la mort nous sépare »… Et même lorsqu’il n’y a pas de contexte officiel, une parole d’ « homme » devrait être suffisante !
Certes, la peur est compréhensible. La femme a peur dans ce cas, c’est humainement normal. Mais l’homme, lui, sain et fort, de quoi a-t-il peur ? Pourquoi cette fuite ?
De ces deux femmes délaissées je tire une leçon. Ces deux êtres, par contre, symbolisent parfaitement leur sexe. Toutes deux ont été prêtes à pardonner au conjoint qui s’éloignait. Habituées sans doute à la compassion, à chérir leur prochain, elles ont ouvert grand leur cœur et laissé s’en aller celui qui, dorénavant, voulait se libérer. Grandeur d’âme. Belle leçon.
Mais qui de nous, messieurs, lorsqu’une femme en société, dira bien haut et fort : « Les hommes sont des lâches » pourra prétendre soutenir son regard ?
J’attends vos réponses, femmes ou hommes…