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 La Légende de la Déesse Ceridwen

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silence
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MessageSujet: La Légende de la Déesse Ceridwen   La Légende de la Déesse Ceridwen Icon_minitimeDim 1 Juil - 14:23


La Légende de la Déesse Ceridwen Ceridw10

La Légende de la Déesse Ceridwen


Il est certain que derrière bien des héros et des héroïnes des contes Bretons se cachent les dieux et déesses de l'ancienne Celtie. Il n'est cependant pas évident de les démasquer.

Les druides refusaient l'écriture qui figeait la pensée et en faisait une chose morte. Leurs successeurs prêtres et moines chrétiens ne comprirent pas toujours (ou ne voulurent pas comprendre) ce qui se cachait dans les croyances et traditions des gens qu'ils évangélisaient.

Il est toutefois inexacte de dire qu'ils détruisirent systématiquement le paganisme. On ne détruit jamais entièrement un mythe.

Ils trouvèrent plus pratique de récupérer les anciennes croyances pour " leur chapelle ". Ainsi les fêtes païennes devinrent fêtes chrétiennes, les menhirs se virent affublés de croix et les divinités furent " baptisées ". La déesse Dana devint Sainte Anne, Cernunos devint Saint Cornely...

Ce qu'ils ne purent récupérer devint de vieilles traditions plus ou moins sulfureuses que l'on se racontait à la veillée : les fées, les sorcières, l'Ankou, ou encore des héros de légende : Arthur, Morgane ...

La Légende de la Déesse Ceridwen Chene-10

Ceridwen était certainement l'une de ces déesses oubliées.


Aux temps anciens vivait à Penlyn, au Pays de Galles, un homme de race noble nommé Tegid Vael (Tegid-le-chauve). Il demeurait en une île au beau mitant d'un lac...

Son épouse, Ceridwen, lui avait donné trois enfants : un garçon, Morvran, une fille, Creirwy, belle comme le jour, et une espèce de monstre nommé Afanc-Du (Noir-Castor). Le premier, Morvran, n'était pas gâté par mère-Nature : il était si laid que cela lui valut bien des années plus tard de survivre dans un combat sanglant, la bataille de Camlan où le roi Arthur et son fils honni Mordred s'entre-tuèrent :

" ...Chacun pensait que c'était un diable et l'évitait... " (Les Triades).

Mais ceci est une autre histoire. Son frère, Afanc-Du était pire encore, c'est dire !...

Sa mère désespérait de le pouvoir montrer un jour en société, à moins qu'il n'eut quelques mérites suffisants pour faire oublier son aspect. Autant dire que la tâche était quasiment sans espoir mais Ceridwen était une magicienne émérite, à qui rien n'était impossible.

Elle entreprit donc de faire bouillir à son intention le chaudron d'inspiration et de science. S'il connaissait les arcanes de toutes choses et les secrets de l'avenir, assurément il n'aurait plus aucun mal à se faire une place dans le monde !

Elle mit donc le chaudron sur le feu. Pour l'accomplissement de l'enchantement, il ne devait s'arrêter de bouillir pendant un an et un jour. Elle chargea donc le nain Gwyon Bach de le surveiller et un aveugle nommé Morda d'entretenir le foyer. De son côté, elle s'employait à récolter chaque jour aux heures prescrites les herbes magiques de la décoction.

Mais il advint un soir, alors que l'an touchait à sa fin, que le liquide magique bouillonnant versa et déborda du chaudron. Trois gouttes tombèrent sur le doigt de Gwyon Bach qui, sous la brûlure, porta le dit doigt à sa bouche. Il en acquit à l'instant même toute la science et la vision des choses venir que Ceridwen destinait à son fils...

Il sut accessoirement combien était grande la malignité d'une Ceridwen qui ne manquerait pas de lui tenir rancune pour avoir ainsi détourné l'enchantement à son usage... Il préféra donc s'enfuir sur le champ.
Et le chaudron laissé à lui-même se brisa en deux car toute la décoction était empoisonnée, hors les trois gouttes magiques.

Ceridwen rentra pour constater le désastre. Prise de fureur, elle se saisit d'une souche de bois et roua de coups le pauvre Morda, jusqu'à ce que ses yeux lui tombassent sur les joues.
" Tu m'as défiguré sans raison, se défendit-il, car je suis innocent. "
" C'est vrai, reconnut la sorcière ; c'est Gwyon Bach le coupable ! "
Elle se lança alors à la poursuite du nain.

L'apercevant à ses trousses, Gwyon se changea en lièvre...
Mais alors Ceridwen se changea elle-même en lévrier et l'allait rattraper...
Il se précipita alors dans la rivière et devint poisson...
Ceridwen se changea en loutre et continua ainsi à le pourchasser sous les eaux...
Gwyon prit alors la forme d'un oiseau et s'élança vers le ciel...
Elle se fit épervier et fondit sur lui...
Alors, apercevant un tas de grain sur l'aire des battages, il s'y laissa tomber et devint grain de blé...
Mais Ceridwen se transforma en poule noire et entreprit de gratter et d'éparpiller le blé. Elle fit tant qu'à force de gratter le découvrit et l'avala...

A peine avait-elle gobé le grain qu'elle se trouva enceinte. Et comme il est d'usage, après neuf mois elle donna la vie... C'était un beau petit garçon. Pour rien au monde Ceridwen ne voulut l'élever. Son époux n'en sut rien.
Elle le mit dans un sac et le jeta à la mer...

Il y fut repêché par le prince Elffin qui l'adopta et lui donna le nom de Taliesin.
Ce fut un grand poète, celui que les Triades célèbrent comme le prince des bardes de l'île de Bretagne. Il transmit à la postérité le nom de son bienfaiteur et celui de beaucoup d'autres.
Il fut aussi le compère de Merlin, le célèbre enchanteur et prophète des Temps Aventureux...
Mais ceci est encore une autre histoire...

D'après Yann Brekilien, Ellis Gruffydd et les Triades de l'île de Bretagne.

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