Daniel Douglas Home Daniel Douglas Home reste le plus grand médium à effets physiques de son siècle, un maître du genre comme le soulignait le Docteur Surbled, en 1899, dans la ''Revue du Monde Invisible''. Accrédité à l'époque par les scientifiques pour ses expériences de ''mouvements des corps, de lévitations et de déplacements d'objets divers'', Home se déterminait comme un ''instrument inconscient'', un être capable de canaliser les énergies de l'Au-delà.
Daniel Douglas Home : « Les Esprits se servent de mon fluide pour se manifester, communiquer avec les hommes et faire connaître leur pouvoir ». ''En sa présence les objets flottaient ! Des coups se faisait entendre, des mains invisibles touchaient les gens'', ''On a même vu une table de marbre monter à une hauteur de 4 mètres''... Home répéta ses expériences devant la cour de Napoléon III, devant nombre de témoins, de savants, de prestidigitateurs... ''Non seulement il ne fut jamais démasqué mais au contraire, il mit en garde de nombreux chercheurs contre des médiums frauduleux...''
Les premières années
L'histoire de Daniel Douglas Home débute en Ecosse, prés d'Edimbourg, sur les rives de l'estuaire de Forth. Né en 1833 à Currer, Home fut dès son plus jeune âge confronté à ses étranges pouvoirs, transmis semble- t-il par sa mère, dotée du don de seconde vue. A en croire un article du Journal ''Monte Christo'' publié en 1858, cette dernière aurait eu ''une vision qui lui montra le fils dont elle était enceinte assis à une table avec un empereur, une impératrice, un roi et une duchesse''. Vingt-trois ans après, la vision devenait réalité.''
Avant de connaître les fastes de la Cour de France, Home fut bercé par une mère totalement désoeuvrée qui pour préserver l'avenir de son fils, n'hésita pas à le confier à l'une de ses soeurs. Sa famille d'adoption allait très vite constater à quel point cet enfant au tempérament nerveux, à la santé fragile était vraiment différent. A l'age de trois ans ''Ce don de double vue que possédait sa mère se révéla chez Home''.
Il fut le premier à percevoir le décès imminent d'une cousine éloignée et ''nomma les personnes qui entouraient son lit''.
« Tu ne nommes pas son père ? » Lui demanda- t-on ?
« Je ne le nomme pas, parce que je ne le vois pas, répondit-il. Il est sur la mer et n'arrivera que quand Marie sera morte »
Le père de sa cousine arriva effectivement après le décès de sa fille.
Si l’Écosse fut la terre d'accueil du jeune Daniel, les aléas de l'existence lui permirent très tôt de franchir d'autres frontières. A l'age de 10 ans, Home et sa famille d'adoption partirent à destination d' un nouveau monde dans l'espoir d'une nouvelle vie, direction l'Amérique, direction Norwich dans le Connecticut.
Au cours de cette période, le jeune Daniel se lie d'amitié avec un certain Edwin. Une rencontre déterminante comme le rappelle l'article du Journal ''Monte Christo'' de 1858 : ''C'était l'histoire de deux amis, liés entre eux par une tendresse profonde et qui s'étaient promis par serment, et en écrivant ce serment avec leur sang, que le premier des deux qui mourrait viendrait dire adieu à l'autre''. La promesse fut tenue un an plus tard. ''Un soir, Home rentra tard; craignant d'être grondé par sa tante, il se glissa sans bruit jusqu'à sa chambre''. ''Une grande lumière, qui était sans doute celle de la lune, pénétrait dans sa chambre comme un rayon diagonal. '' Ce qui lui parut bizarre c'est qu'au pied de son lit flottait comme une vapeur...'' Une vapeur ''qui dégagea une forme humaine'', elle ''avait la ressemblance du visage d'Edwin, le jeune homme était singulièrement pâle...'' '' bientôt les yeux s'animèrent et se fixèrent sur Home... Home entendit, comme un écho au dedans de lui-même'' :
« Me reconnais-tu ? J'acquitte la promesse que nous nous sommes faits. Au revoir là-haut ! » Avant de s'éclipser, Edwin fit trois cercles dans le ciel. Le lendemain Home eu la confirmation du décès du jeune Edwin emporté trois jours plus tôt par une dysenterie. Quelques mois plus tard, '' ce fut sa mère qui apparut à Home''.
« Ma mère, êtes-vous morte ? »
« Non pas encore; mais aujourd'hui, à midi, je mourrai »
Le surlendemain, il apprit la mort de sa mère. Persuadée que son neveu était en proie à un phénomène de possession, sa tante décida de faire appel à l'église pour le délivrer du ''Malin''. Trois prêtres furent désignés et Home fit l'objet d'une véritable séance d'exorcisme au cours de laquelle des coups retentirent, des meubles se mirent à bouger et un tableau se déplaça sans aucune intervention humaine. Pire encore, le jeune Daniel sous l'emprise d'une force venue de nulle part rappela à l'un des prêtres présents, le décès quelques mois plus tôt de sa mère et de sa soeur. ''L'esprit les nomma toutes les deux, noms de famille et noms de baptême''. ''Le prêtre en eut assez, il se retira, emmenant ses deux confrères en déclarant qu'il ne pouvait rien contre des drôles de cette espèce''.
Le diable au corps
Désormais, aux yeux de l'église, Home avait bien ''le diable au corps'' et la nouvelle ne tarda pas à se propager aux quatre coins du territoire. ''On demandait à voir le jeune possédé, on offrait de payer pour le voir, on faisait queue à la porte''. Les dons affluaient, excédée par tant de sollicitudes, sa tante ne tarda pas à le chasser du domicile.
Du haut de ses dix-huit ans , David fut alors contraint de poursuivre sa route sur des chemins d' errance. Durant cette période, les personnes qui l'accueillaient sous leurs toits devaient vite se rendre à l'évidence, Home n'était pas seul, les Esprits le suivaient en toutes circonstances et en tous lieux... Rares étaient ceux qui résistaient longtemps à la présence de ces hôtes indésirables. Home était pour sa part convaincu d'être investi d'une mission : démontrer l'immortalité (27-28).
Il poursuivit son périple jusqu'à Boston, fragilisé par un état de santé des plus inquiétants ''et c'est là que Home commença à donner des séances. ''Puisqu'il était décidé qu'il avait le diable au corps, c'était bien le moins qu'il tirât du diable le parti qu'il pouvait tirer''. ''On venait le voir, de tous les coins de l'Amérique''.
Séances de lévitations sous contrôle scientifique
En 1852, Home est invité par David Wells, professeur de Harvard, à se soumettre à une série d'expériences scientifiques. La même année, le professeur Robert Hare l'invite à son tour, Home doit respecter un protocole de plus en plus strict mais aucune supercherie ne semble visible lors de ses séances de lévitation. La salle est parfaitement éclairée, elle est inspectée à maintes reprises, Home subit plusieurs fouilles.
Les témoins présents reconnaissent les pouvoirs de Home. Un homme capable de s'élever au dessus du sol guidé par ''une lumière phosphorescente'' (30), le New-York Post relate les faits dans ses colonnes. ''Mais au milieu de ses succès, les crachements de sang le reprirent''. Les médecins diagnostiquent une tuberculose, Home est invité a ''changer d'air'', et à partir se ressourcer en Europe.
Home au sommet du succès
En 1855, il pose ses valises en France, puis à Florence, Londres, Naples, Rome ou ''il demanda une audience au Pape'' en 1857. ''Pie IX avait entendu parler du sorcier écossais; il le reçut à sa première demande, ne lui imposant qu'une condition : c’était de venir au Vatican en compagnie non d'un prêtre, mais d'un prêtre docteur : le révérend Talbot''. ''Une fois en présence de sa Sainteté, le révérend Talbot raconta le pouvoir de Home sur les tables, les chaises, les pianos... Par malheur, Home avait perdu son pouvoir et ne pouvait faire que le Saint-Père juge de l'orthodoxie de ses miracles''. '' Le Saint-Père lui donna le crucifix à baiser, en lui disant : « Voici notre sainte table à nous; approchez-vous le plus près possible de celle-là, et vous serez sauvé. »
Home vient donc de recevoir le Baptême et promet devant Dieu qu'il se consacrera désormais à la prière. ''Vers le mois de décembre, le bruit des prodiges opérés par Home s'étant répandu en France, on le fit demander à la cour''. Home répondit qu'il n'aurait son pouvoir que le 10 février 1857'' et déclina l'invitation de Napoléon III.
« Je connais mes esprits, ce sont des esprit écossais très entêtés: ils m'ont dit qu'ils reviendraient le 10 février, ils reviendront. » La cour devait patienter. Le 10 février, à minuit, leur retour était confirmé : '' les Esprits étaient si contents d'avoir repris possession de leur ancien domicile, que, toute la nuit, ils firent leur vacarme.'' ''Home n'avait plus de motifs de refuser d'aller à la cour. Rendez-vous fut pris pour lui aux Tuileries. Il s'y rendit dans la nuit du 13 février''. Il ne tarda pas à convaincre l'assistance de ses étranges pouvoirs lors de ses expériences de lévitation, Home devint '' l'homme à la mode''.
Les invitations se succèdent, le médium rencontre tour à tour le Roi de Bavière, La Princesse de Bade, le roi de Wurtemberg, le Prince Albert de Londres, la Reine Sophie des Pays-Bas... « J'ai plus de pouvoir que jamais », avoue-t-il à l'abbé Ravignan devenu son confident.
En 1858, au sommet du succès, Home épouse Alexandrie de Krolle issue de la noblesse Russe qui décèdera 4 ans plus tard d'une pneumonie. Jeune père d'un enfant, il se remarie en 1868 à Julie de Gloumeline, riche aristocrate de Saint-Petersbourg et se convertit à la religion orthodoxe. Son état de santé empire de jour en jour, à l'age de 38 ans, Home se résigne à prendre sa retraite. La tuberculose l'emportera le 21 juin 1886.
Daniel Douglas Home est enterré au cimetière de Saint-Germain-en-Laye.