L'APPEL DE MANI PAR SON ANGE
Mani, aussi appelé Manès (né probablement le 14 avril 216 (8 nisan 527 de l'ère séleucide) à Ctésiphon en Mésopotamie et mort à Gundishapur, Susiane, le 26 février de l'an 276 ou 277), est le fondateur du manichéisme.
Le manichéisme est une religion, désormais très rare, dont le fondateur fut le perse Mani au IIIe siècle.
C'est un syncrétisme du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme ; les partisans de ce dernier le combattirent avec véhémence.
Par dérivation et simplification du terme, on qualifie aujourd'hui de manichéenne une pensée ou une action sans nuances, voire simpliste, où le bien et le mal sont clairement définis et séparés.
Mani est issu d'un milieu chrétien appartenant à la secte gnostique des elkasaïtes. Son père Pātik, né à Ecbatane, est un noble qui se convertit très tôt au courant des elkasaïtes. Sa mère (plusieurs noms lui sont attribués, dont Mariam), d'origine parthe, est issue d'une famille arménienne Arsacide de Kamsarakan. Ayant quitté sa femme pour s'installer dans sa communauté, Pātik vient rechercher son fils alors âgé de 4 ans pour l'emmener dans sa communauté ascétique.
Dès l'âge de 12 ans, Mani affirme être en contact avec un « ange » (cela correspond à la figure mystique du bien-aimé, du jumeau) qui lui demande de quitter cette secte hostile pour enseigner la parole du Christ. Se considérant comme un imitateur de la vie de Jésus, il se met à prêcher vers 240, année de son voyage dans le Royaume indo-grec sur les traces de la communauté de l'apôtre Thomas, où il est probablement influencé par le gréco-bouddhisme. De retour en 242, il rejoint la Cour du roi sassanide Shapur Ier, fidèle au zoroastrisme, à qui il dédicace son premier ouvrage en perse, Shabuhragan et lui présente sa doctrine du manichéisme. Le monarque conçoit tout l'intérêt d'une religion nationale pour unifier son empire, et lui donne alors le droit de répandre librement son enseignement dans tout l'Empire Perse où il prêche en araméen. La foi nouvelle progresse rapidement et les communautés se multiplient sous son regard bienveillant.
Vient le règne de Bahrâm Ier, en 272, qui favorise un retour au mazdéisme. Persécuté, Mani se réfugie au Khorasan où il fait des adeptes parmi les seigneurs locaux. Inquiété de voir cette influence grandir, Bahrâm Ier le remet en confiance et le rappelle à Ctésiphon. Mais ce sont la prison et les mauvais traitements qui l'attendent. La consigne est de le faire mourir lentement sous le poids de ses chaînes. Son agonie dure 26 jours, puis il meurt d'épuisement à Gundishapur aux alentours du 26 février 277, à l'âge de soixante ans environ. Selon la tradition, sa tête est coupée et clouée à une porte de la ville. Pour Abû Mansûr at-Tha‘âlibî, son corps est écorché et sa peau, remplie de paille, suspendue à une entrée de la ville tandis qu'Ibn al-Nadim relate dans le Kitab-al-Fihrist que son cadavre coupé en deux est exposé à deux portes de la ville10. La passion de Mani sera perçue comme une transposition de la passion du Christ par ses adeptes.
Peintre visionnaire et philosophe, poète, musicien, médecin, Mani transmit une vision du monde et de la vie si puissante que son enseignement se répandit, de manière totalement pacifique, de l’Afrique à la Chine, des Balkans à la péninsule arabique.
(Source : Nahal Tajadod, Mani le bouddha de lumière, catéchisme manichéen chinois).