Les fidèles sont rassemblés quelque part au sous-sol. Pas question de leur parler, de les prendre en photo ni même de les observer discrètement. D’ailleurs, la fin de la session matinale ayant sonné, les responsables de l’Eglise universelle et triomphante manifestent le souhait de voir les journalistes tourner les talons, des fois que des membres de la Fraternité des gardiens de la flamme, pressés d’aller manger, remontent des profondeurs.

Stockés. Hier s’est achevée la première conférence européenne internationale organisée à Paris par ce mouvement nord-américain fondé en 1958 par Mark Prophet. En 1974, à son décès, sa veuve, Elizabeth Clare Prophet, a repris le flambeau. Credo de cette église tel que résumé sur son site Internet : «Nous célébrons et embrassons les enseignements des maîtres ascensionnés et les vérités des grandes religions du monde.» Théosophique et mystique, l’Eglise universelle et triomphante est aussi syncrétique. «Elle prend dans toutes les religions, fait une espèce de mixte et tout le monde s’y retrouve», résume J., une ancienne adepte française. Jusqu’à la fin des années 80, ce mouvement d’inspiration new-age croît. Mais, Elizabeth Clare Prophet prédisant, pour la mi-mars 1990, un holocauste nucléaire, la secte construit - avec l’argent des adeptes - dans le Montana où se trouve son quartier général, un réseau d’abris antiatomiques où sont stockés des armes et des vivres. Lorsqu’il s’avère que la prédiction était fausse, les fidèles désertent en masse. Ainsi, J. : «J’ai commencé à me rendre compte que j’avais été manipulée.» Elle y sera restée une dizaine d’années, priant sans relâche pour «transmuter son karma» afin que s’interrompe le cycle des réincarnations.

Outre une partie de sa vie, elle y a laissé quelques dollars : «L’Eglise universelle et triomphante n’est pas directement une entreprise d’argent.Il n’y a pas de brain washing accéléré à 1 000 ou 2 000 dollars [695 à 1390 euros, ndlr] comme dans d’autres sectes. Mais les disciples doivent payer des leçons, puis des conférences, puis des universités d’été et donner 10 % de leurs revenus à l’organisation.»

Son départ a été douloureux : «On ne vous menace pas de représailles mais on vous met dans la tête que vous vous condamnez à une vie de damnation.»

Aujourd’hui, Elizabeth Clare Prophet souffre de la maladie d’Alzheimer. Un nouveau conseil d’administration a repris le mouvement en main. Officiellement, les obsessions apocalyptiques ont disparu du discours officiel. La date de la fin du monde «n’est pas gravée dans la pierre, elle peut être changée», affirme Valerie McBride, la présidente de l’organisation. Et si les abris antiatomiques sont entretenus, c’est au cas où. «En Suisse et en Russie, ils le font bien.»

Groupes. Selon la présidente du mouvement, 165 personnes ont participé à la conférence de Paris, dont une vingtaine de Français. Plus largement, l’Eglise universelle et triomphante serait présente dans 60 pays, les communautés les plus importantes se situant au Brésil, en Russie et aux Etats-Unis. Des groupes constitués auraient également vu le jour en Europe, mais pas en France. Pour l’instant.

CATHERINE COROLLER -

Le lien de la prévention secte au Québec :

Cordialement,