L’homme et le chien Un Archange de garde à la porte du ciel y voit paraître un homme accompagné d’un chien.
- Que venez vous chercher ici ?
L’homme répond résolument : « le repos promis aux élus ! «
L’archange mène alors le couple d’arrivants à la conciergerie du ciel, où Saint Pierre, ses clés à la main, les interroge :
- Que venez vous chercher ici ?
L’homme répète sa réponse. Saint Pierre qui, déjà consulte son Grand Livre, s’indigne et rugit dans sa barbe :
- Pour goûter le repos, il faut le mériter. Toi, l’homme, tu n’es qu’un méchant ! N’as-tu pas essayé de noyer de tes mains le pauvre animal que voici ? Et c’est lui qui est mort avec toi en essayant de te sauver ! Est-ce vrai ?
- C’est vrai ! répond l’homme en baissant piteusement la tête.
- Eh bien ! homme, tu ira en Enfer ! et toi, chien, tu ira vas entrer au Paradis !
- Jamais ! s’exclame alors le brave toutou dans un aboiement décidé et énergique.
- Comment jamais ? Tu refuse le Paradis ? …
- J’entends bien n’y entrer qu’avec l’homme, mon maître.
- Comment, comment, comment ? Avec ce triste sir d’individu qui voulait te noyer alors que tu lui faisais tant d’efforts pour le sauver ? …
- S’il voulait me noyer, il avait ses raisons et je n’ai pas à les connaîtes. Non, que j’aille en enfer avec lui plutôt qu’au Paradis sans lui.
- Une humidité singulière embua les yeux du gardien, tandis qu’il sentait son cœur s’amollir sous sa longue barbe.
- Entre ! … Entre donc ! dit il, mon brave homme de chien !
Et le chien, tout heureux, pénétra dans le ciel, mais … en se retournant encore vers son maître …
Et l’homme, tout confus, le suivit comme un chien.
Voici un conte d’un célèbre auteur, Oscar Wilde qui de son vivant à toujours été très sensible aux manifestations de l’au-delà. Né à Dublin le 16 octobre 1854 est mort à Paris en 1900. Sa sépulture en pierre représente un sphinx ailé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Affection, Jelt.