L'énergie de la drogue accumule envies, frustrations et besoins de compensation difficiles à définir. Autrefois, la drogue était d'un caractère sacré. Elle le reste d'ailleurs encore aujourd'hui dans certaines peuplades et tribus. Il s'agit de plantes consommées à certaines périodes de l'année. A cette préparation se mêle un rite psychique intense ; les effets établissent un pont avec l'inconnu. Interviennent aussi des chants scandés, des mantras, des actes magiques, qui mettent en évidence les forces qui habitent chacun.
De nos jours, ceux qui ont recours à la drogue n'en prennent pas pour les mêmes raisons. À part quelques cas isolés d'expériences réelles, la majorité des personnes se droguent dans l'espoir de se diriger vers un meilleur. Mais c'est en réalité pour échapper à ce qu'ils sont et aux conditions pesantes de leur vie. Dès lors, ils comptent sur cela pour combler leur manque. De ce fait, leur esprit et leur sensibilité s'ouvrent à certaines forces ayant de mauvaises visées.
Sans un travail intérieur et du subconscient, les démons endormis réclament leur droit. L'individu moyen n'ayant aucun contrôle sur ses centres mentaux, émotionnels et sexuels se voit submergé d'un grand nombre de pulsions, d'impulsions, d'images, d'idées le menant droit à sa perte. Il lui faut "échapper d'une façon ou d'une autre à une misère physique ou intérieure, à une détresse morale, à de vieilles souffrances enracinées, à des conflits et des tourments profonds, à un malaise de vivre."
Si la drogue prend le contrôle du subconscient, l'individu peut être poussé aux pires extrémités : le suicide. Avant cette ultime étape, les cris et les gémissements sont ses compagnons d'infortune. Dès lors, le drogué est mis en branle par ses états intérieurs aux abois, excités à outrance.
La drogue, agissant avec force, est monnaie de plus en plus courante. Les personnes, à un moment donné, ont le besoin impérieux de se couper du monde extérieur, de ne plus l'écouter pour se tourner vers un ailleurs emprunt de nouvelles paroles, d'un nouveau langage, d'un nouveau chant ou d'une nouvelle musique. En outre, elles ont ce besoin pressant d'allumer en elles d'autres lumières, d'autres féeries de couleur. Peu importe pour elles que ce monde-là grouille de pièges mortels. Malgré leur angoisse à fleur de peau, elles vont jusqu'au bout, jusqu'à leur délivrance, semble-t-il... Jusqu'à la mort.
Dans le déroulement du futur et au travers de multiples tragédies se renforce une cohésion inter-individus de liens karmiques et universels. L'énergie de la drogue les fait tomber dans le même sac. Ils se réunissent, se cherchent des gourous, des leaders, souvent de mauvais augure. Dans un premier temps, toutes ces personnes empruntent des chemins ardus. C'est pourquoi elles s'enveloppent de vêtements amples, à la poursuite d'autres odeurs, d'autres parfums. Parfois elles partent en quête de la mort, loin de leur pays et de leur famille.
En revanche, pour d'autres, ce flux d'énergie est le début d'une conquête spirituelle ou occulte, le déclenchement d'une vocation humaine, artistique ou politique, avec un désir ardent d'apporter sa contribution pour être utile. Mais alors, le meilleur de soi-même part à la dérive, laissant libre cours à une appréhension, qui ne fait que croître dans le subconscient. Et afin de la supporter, la seule possibilité est de trouver des compensations dans le matériel, en faisant de l'argent son cheval de bataille par exemple.
Mais l'individu brûle son énergie dans le néant, favorisant l'oubli de sa conscience, ne se rattachant en fait qu'à peu de satisfactions durables. Tout dépend évidemment de la motivation et du niveau d'intuition, d'intelligence et de culture et de statut social. La grande majorité des drogués vit dans des banlieues, dans des cités défavorisées.
Certains se droguent. D'autres détériorent, cassent, volent, cambriolent !