silence Admin
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| Sujet: Le rituel Sèrvis Poul - Service Poule Sam 17 Déc - 11:22 | |
| Le rituel Sèrvis Poul - Service Poule Le rituel nommé sèrvis poul nwar est particulièrement craint des créoles. il possède, pour la plupart d'entre eux, des relents de magie, de sorcellerie. Ce culte est, originaire d'Inde du sud, mais son nom de poul nwar n'est pas inconnu des créoles Blancs. En effet, La poule noire est le titre d'un ancien livre de magie, originaire d'Europe, dont des copies semblent encore présentes dans certains foyers (avec le Grand et le Petit Albert, ainsi que le Dragon rouge), ce qui explique en partie la réputation maléfique de cette cérémonie. De plus, le sacrifice d'une poule noire était, dans l'ancienne France, synonyme d'invocation satanique. M. Bouteiller note à ce propos : “L'apprenti sorcier qui, en Berry par exemple, va solliciter Satan, à minuit, à un carrefour, par l'offrande trois fois répétée d'une poule noire, contraint Satan à l'élire puisque celui qui évoque les puissances infernales commet un péché mortel.” (1950 : 232)
Le sèrvis poul nwar pratiqué à La Réunion est, chez les Malbars comme chez les Créoles, une cérémonie conduite en l'honneur de la déesse Petiaye, déesse ambivalente également nommée la "mangeuse de fœtus". Tous peuvent y avoir recours, en cas de stérilité de l'épouse, de maladie d'un enfant, pour protéger la grossesse puis l'accouchement d'une femme. La décision de pratiquer le sèrvis poul nwar peut également résulter d'une alliance avec un malbar, ou plus simplement faire suite à des relations de voisinage, à un conseil donné par un ami, un dévinèr. Car ce rituel est contagieux et toute personne qui y a assisté, qui a mangé le repas qui suit la cérémonie, devra sacrifier une poule noire chaque année, sa vie durant. Ce sacrifice constitue même, selon Jean Benoist “un point d'articulation sociologique essentiel” (1998 : 168).
En effet, écrit-il, “On peut véritablement parler d'un rituel contagieux, qui se répand par les réseaux de parenté et de voisinage d'une façon qui s'accorde admirablement avec l'organisation fluide de la société, bien que sa diffusion s'étende peu hors des zones de plantations ou des banlieues urbaines. Cela lui donne une répartition qui suit les réseaux de parentèle et de voisinage, par-delà les différences ethniques et économiques.”
Une différence sera cependant à noter entre ceux (pas nécessairement indiens d'origine) qui pratiquent l'hindouisme de façon traditionnelle et permanente et ceux qui n'ont recours à cette religion que de manière ponctuelle, en réponse à certaines situations précises.
La cérémonie peut être pratiquée à domicile, par le père ou le frère de l’épouse (futur oncle maternel), dans la shapèl d'un dévinèr, ou dans un temple de plantation. Petiaye est une divinité placée à l'extérieur de la maison ou de la chapelle. Elle est reconnaissable à sa couleur : le noir. Dans tous les cas, la cérémonie comprendra le sacrifice d'une poule noire puis sa consommation rituelle. Elle verra également l'offrande, à la déesse, d'un nombre impair d'œufs, de gâteaux spécifiques à la cérémonie (bonbons kolgaté) confectionnés à base de noix de coco, d'une trousse de couture ou tout au moins de fil et d'aiguilles, d'une part du kari préparé avec l'animal sacrifié, présentée avec la tête et les pattes de l'animal (dans certains cas avec la patte droite autour de laquelle aura été accroché un bout d'intestin de l'animal). |
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